Les petites magies
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écologie, simplicité, fait-maison
 
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Veau , vaches , ...

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matali
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Veau , vaches , ... Vide
MessageSujet: Veau , vaches , ... Veau , vaches , ... EmptyMar 5 Mar 2013 - 10:03

Parce qu'ils ne méritent pas ça... Des images extrêment dures, je n'arrive pas à les regarder, je ne mets que le lien, pas la vidéo, ça se passe dans un abattoir... Les vaches, déjà mal en point, boitant, harcelées, malades, écartelées, tranchées vivantes... (je n'ai pas mis le son)
Peu importe quel abattoir, ce n'est sûrement pas le seul.
ici

Et un article, ici :
Citation :
(...) La viande ne pousse ni sur les arbres ni sous la terre ; la viande est la chair d’animaux qui étaient vivants et qui ont été tués. Entre les deux états (vivants vs morts), une étape (l’abattage), occultée parce qu’indésirable : des couteaux, des pistolets, des bâtons, des électrochocs, des chairs coupées à vif, des boyaux qui pendent, des seaux et des bennes remplis d’yeux et de pattes et de têtes, des lambeaux de chair, du sang qui gicle et qui coule à profusion ; ce Sang des bêtes qui avait tant traumatisé Franju(1) et lui avait fait dire : « Quand je suis allé la première fois là-dedans, je suis rentré chez moi, j’ai pleuré pendant deux jours, j’ai caché tous les couteaux, j’avais envie de mourir ».

Indissociables de l’industrie de la viande, les abattoirs font décidemment tache et ces gigantesques machines à tuer cherchent à rester discrètes. Cette année, la sortie de classe des enfants sera la visite de l’abattoir local. Grand jeu concours : gagnez la visite de l’abattoir de votre choix. Visitez notre ville : son château, ses musées, ses abattoirs. On se persuade tant bien que mal que les animaux y sont tués « proprement », voire « humainement », et surtout tout est fait pour conforter ce présupposé - quand même, nous sommes au 21e siècle ! Et « ça se saurait » !

Eh bien, ça commence à se savoir : les abattoirs, c’est la boucherie. « Scènes d’horreur », nous explique le journal d’aujourd’hui : « Un homme botté de caoutchouc se tient debout sur le museau d'une vache noire étendue au sol jusqu'à suffocation. Une vache tachetée sur un tapis roulant vomit un liquide jaune en balançant frénétiquement sa tête de droite à gauche. Des dizaines de bovins [vaches laitières] qui tiennent à peine sur leurs pattes, s'effondrant sous leur propre poids, se voient administrer des décharges électriques à répétition. D'autres, suspendus par une patte au-dessus du sol, se débattent vigoureusement, en attendant d'être égorgés... » Joignant le visuel à l’écrit, une vidéo est ajoutée sur la version en ligne de l’article. Avec un avertissement : « cette vidéo contient des images qui peuvent choquer. » Et en effet, comment rester de marbre devant l’interminable agonie, la terreur, l’horreur ? Le cœur soulevé, l’estomac révulsé, il faut s’accrocher regarder ces quatre petites minutes d’ultra violences : coups, électrochocs… un acharnement invraisemblable sur des animaux dont le seul crime est de n’avancer ni assez vite ni assez complaisamment vers la mort.(...)


Dernière édition par matali le Mar 5 Mar 2013 - 10:38, édité 1 fois
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matali
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MessageSujet: Re: Veau , vaches , ... Veau , vaches , ... EmptyMar 5 Mar 2013 - 10:10

Heureusement, il y aussi ce genre de combat, mêmes'il reste derrière la volonté de faire de l'élevage àn tout prix :
http://lesmoutonsenrages.fr/2013/03/04/un-village-picard-resiste-a-lusine-a-vaches/ a écrit:
Dans la Somme, les habitants se rebellent contre le projet d’une ferme géante de 1000 vaches. Ils manifestent aujourd’hui 3 mars à Paris.

Eté 2011 : la population d’une petite commune de la Somme, à Drucat, au nord d’Abbeville, apprend l’installation prochaine de la plus grande ferme-usine de France dans son voisinage : un élevage laitier géant (qui donne son nom au projet, dit des « Mille vaches ») qui sera associé à un méthaniseur de puissance industrielle, et mis en oeuvre par la société SCEA
Côte de la Justice.

La lutte s’organise avec la création notamment de Novissen (acronyme de « NOs VIllages Se Soucient de leur Environnement », prononcez « nos vies saines ») une association qui depuis milite pour faire annuler ce projet jugé mettre « en péril la santé, la sécurité, l’environnement, l’emploi ». De plus « il pose la question de la condition animale et montre de façon évidente les dérives de tout un système ! »

Début 2013 : une décision préfectorale autorise le projet de ferme, mais avec 500 vaches. Novissen maintient sa position, arguant que les extensions futures ne sont pas exclues et qu’une exploitation de 1000 vaches reste une exploitation géante et une forme d’élevage intensif. L’association attire aussi l’attention sur d’autres projets d’agrandissements d’élevages industriels (porcs, volailles) du secteur.

Aussi le 3 mars, Novissen, qui affiche de nombreux soutiens (EELV, Cap 21, FNE, Confédération paysanne…), a prévu de défiler à Paris, de la gare Montparnasse au Salon de l’agriculture dont ce sera le dernier jour, pour dénoncer les dérives de l’élevage industriel.

Non à la ferme-usine géante près d’Abbeville ! Signer la pétition 36 460 signatures. Atteignons 40,000 !

Nous demandons le rejet du projet d’implantation d’une étable de 1000 vaches laitières et 750 veaux, et un méthaniseur sur les communes de Drucat-le-Plessiel et de Buigny-Saint- Maclou. Ce projet menace tout à la fois l’environnement et notre santé. On n’a pas le droit d’entreprendre n’importe où, n’importe comment, et à n’importe quel prix ! Nous souhaitons préserver un avenir plus respectueux de la Nature et des hommes.
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MessageSujet: Re: Veau , vaches , ... Veau , vaches , ... EmptyMar 5 Mar 2013 - 10:12

Et puis l'histoire que sandalette a relayée Le choix de Sophie, d'une vache laitière

Citation :
(...) " J'aimerais vous raconter une histoire touchante et vraie. Après avoir obtenu mon diplôme à l'école vétérinaire de Cornell, j'ai fréquemment exercé dans les exploitations laitières de Cortland. J'y étais appréciée du fait de la douceur de mes interventions sur les vaches.

L'un de mes clients me sollicita un jour pour résoudre un mystère : la veille, dans une prairie, l'une de ses vaches Brune des Alpes avait mis bas pour la cinquième fois dans sa vie. Une fois rentrée à la ferme avec son nouveau-né, son veau lui fut retiré, et elle, conduite en salle de traite. Mais son pis était vide, et il le resta pendant plusieurs jours.

Après la naissance de son veau, cette vache aurait dû produire près de 47 litres de lait par jour. Cependant, et en dépit du fait qu'elle se portait bien par ailleurs, son pis restait vide. Elle partait au pré le matin après la première traite, revenait pour la traite du soir, et restait la nuit en prairie – c'était un temps où les bovins étaient autorisés à profiter un minimum de certains plaisirs au cours de leur vie – mais jamais son pis n'était gorgé de lait comme celui d'une vache qui a mis bas.

Je fus appelée deux fois sur place pendant la première semaine suivant son accouchement, mais je ne trouvai aucune explication. Finalement, le onzième jour, l'éleveur m'appela : il avait trouvé la réponse : la vache avait donné naissance à des jumeaux, et par un « choix de Sophie », elle avait livré l'un de ses veaux à l'éleveur et gardé l'autre dans un bois en bordure de prairie. Chaque jour et chaque nuit, elle retrouvait et nourrissait son petit – le seul qu'elle ait jamais pu garder auprès d'elle. Malgré mes efforts pour convaincre l'éleveur de laisser la mère et son petit ensemble, il lui fut enlevé et envoyé dans l'enfer des box à veaux.

Pensez un instant au raisonnement complexe élaboré par cette maman. Premièrement, elle se rappelait la perte de ses précédents petits et la conséquence de rentrer avec eux à la ferme : ne plus jamais les revoir (une situation déchirante pour toute mère mammifère). Deuxièmement, elle formule un plan et l'exécute : si ramener son veau à la ferme signifie le perdre inévitablement, alors elle installera et cachera son autre petit dans les bois, comme les biches, jusqu'à son retour. Troisièmement – et je ne sais comment l'expliquer – au lieu de cacher les deux veaux, ce qui aurait attiré la suspicion de l'éleveur (une vache gestante quittant la ferme le soir, la même vache revenant au matin non-gestante mais sans progéniture), elle lui en a donné un et gardé l'autre. J'ignore comment elle a pu faire cela – il aurait été plus probable qu'une maman désespérée tente de cacher ses deux petits.

Tout ce que je sais, c'est qu'il se passe derrière ces yeux magnifiques beaucoup plus de choses que nous, humains, n'avons jamais voulu voir. En tant que maman, qui ai pu élever mes quatre enfants, et n'ai pas eu à souffrir de la perte d'un seul d'entre eux, je ressens sa douleur."

Holly Cheever, Docteur en médecine vétérinaire
Vice Presidente du New York State Humane Association
traduit du site AllCreatures.org
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Melhia
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MessageSujet: Re: Veau , vaches , ... Veau , vaches , ... EmptyMar 5 Mar 2013 - 13:52


Mouais.... rien de "nouveau" sous les tropiques malheureusement... les gens préfèrent se voiler la face, éviter d'y penser, pour continuer à consommer de la même manière...c'est ça, le "pire" peut-être dans l'histoire..... ^ ^
C'est accepter tout cela malgré tout.......en se déresponsabilisant et en "faisant" confiance au "système" agro-alimentaire...
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MessageSujet: Re: Veau , vaches , ... Veau , vaches , ... EmptyMar 5 Mar 2013 - 20:22

Certes... mais ça mérite un sujet unique.
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MessageSujet: Re: Veau , vaches , ... Veau , vaches , ... EmptyMar 5 Mar 2013 - 20:35


voui !
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MessageSujet: Re: Veau , vaches , ... Veau , vaches , ... EmptySam 8 Mar 2014 - 9:09

http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article24977 a écrit:
Derrière les Mille vaches, un modèle agro-industriel désastreux(4)
mardi 14 janvier 2014
Par Fabrice Nicolino

Avec la ferme usine utilisant les vaches pour produire de l’électricité, on passe à une autre étape du système qui a provoqué l’hécatombe de la paysannerie et des dégâts environnementaux énormes. Ce n’est pas l’agro-écologie proclamée officiellement, mais l’agro-industrie généralisée. Où l’on plonge en apnée dans une histoire tumultueuse, faite de moissonneuses, de pesticides et de tendres liaisons entre ministres et « syndicalistes » agricoles. Où l’on comprend un peu mieux qu’une vache n’est rien qu’une marchandise ordinaire.

C’est une vieille histoire, et elle est complexe. Mais sans en comprendre l’esprit, on ne peut raisonnablement saisir l’un des sens – peut-être le plus essentiel – du projet de « Ferme des 1 000 vaches ». Quand la France sort des ruines de la Seconde Guerre mondiale, son agriculture est encore basée sur la polyculture et l’élevage traditionnels. Le tracteur est resté à la porte de nombreuses exploitations, où dominent toujours le cheval, le bœuf, l’âne. La victoire sur le fascisme bouleverse tout, car derrière les chars américains de la Libération apparaissent déjà les lourds engins agricoles, les pesticides et engrais, l’alimentation animale standardisée, l’industrie. Bientôt, le plan Marshall permettra à l’Europe de s’équiper à crédit, ouvrant de formidables marchés à John Deere, Dupont et – déjà – Monsanto. Le modèle américain exerce après 1945 une force proprement inimaginable. Le maître mot de l’époque, repris en chœur d’un bout à l’autre de l’arc politique, est celui de progrès. L’Institut national de la recherche agronomique – l’Inra -, né en 1946, sera le fer de lance d’une modernisation qui n’est rien d’autre qu’une industrialisation massive. Les fondateurs de l’Inra – un Jean Bustarret en tête – font aussitôt alliance avec un Fernand Willaume, le premier lobbyiste de l’industrie des pesticides. Pas d’anachronisme pour autant ! En 1945, le DDT, qui sera interdit trente ans plus tard, est un produit miracle, célébré comme tel par tous. Parallèlement, l’animal d’élevage devient peu à peu un objet industriel comme un autre, presque comme un autre.

Les jeunes zootechniciens, souvent de braves résistants, font un à un le voyage en Amérique, où ils découvrent un système d’une productivité inouïe, dont le fleuron est le découpage taylorisé des animaux, dans les célèbres abattoirs de Chicago. Raymond Février, qui sera l’un des piliers de l’Inra, racontera bien plus tard, se remémorant son propre voyage outre-Atlantique : « Nous étions éblouis ». Et tous étaient émerveillés. Même les paysans les plus éloignés du tableau. Deux itinéraires permettent de mieux comprendre. À main gauche, le Breton André Pochon, né en 1932. À la sortie de la guerre, « Dédé » est à peine adolescent, mais milite déjà la Jeunesse agricole catholique (JAC), vecteur essentiel de l’industrialisation des campagnes. Bien plus lucide que d’autres, il résistera pied à pied contre ce que nous appelons le « productivisme », démontrant dans sa minuscule ferme de neuf hectares, grâce à l’invention de techniques culturales sur ses prairies, que l’on peut vivre, et bien, sur une toute petite exploitation. À main droite, le vainqueur, Michel Debatisse. Né en 1929, il est lui aussi un ardent militant de la JAC d’après-guerre. Et bientôt un dirigeant de cette organisation puissante, capable de rassembler 50 000 jeunes au Parc des Princes de Paris, en 1950. Debatisse est un croisé de l’industrie agricole, et d’autant plus que celle-ci lui donne les clés du pouvoir. Président du Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA), il est un interlocuteur direct du général De Gaulle dès son retour au pouvoir, en 1958. Son rival au CNJA, Bernard Lambert, défait après bien des combats, sera plus tard le fondateur des Paysans Travailleurs, à l’origine de cette Confédération Paysanne si active contre la « ferme des 1 000 vaches ».

Mais revenons au passé. Quand Edgard Pisani est nommé ministre de l’Agriculture, en 1961, Debatisse devient un habitué de la rue de Varenne, siège du ministère. Il aura un grand nombre de réunions avec Pisani à son domicile privé, à l’angle de la rue Bayard et du cours Albert 1er. C’est là que s’emballe le processus d’industrialisation lancé après 1945. En cinquante ans, les changements dans l’agriculture seront plus massifs qu’en dix siècles. Exemple entre tant d’autres : Pisani fait en février 1965 une tournée triomphale dans l’Ouest de la France, où il déclare sous les vivats : « La Bretagne doit devenir un immense atelier de production de lait et de viande ». Ce qui fut fait. Debatisse poursuit sa route. Il sera le grand patron de la FNSEA entre 1971 et 1978, puis secrétaire d’État sous Giscard, entre 1979 et 1981. Par lui notamment, la France est devenue un grand pays de l’agriculture industrielle, vidée de ses paysans, farcie de pesticides, d’engrais et de plantes perpétuellement assoiffées, comme le maïs. Notamment, car bien d’autres acteurs sont intervenus dans le processus, dont les coopératives agricoles et le méconnu corps des Ingénieurs du génie rural, des eaux et forêts (Igref, devenu Ipef en 2009). Ces derniers, grands ingénieurs d’État, ont joué un rôle central dans la disparition concrète de nos campagnes, organisant le drainage des zones humides, « recalibrant » des milliers de rus, de ruisseaux et même de rivières, remembrant à la hache des territoires légués par des siècles de lentes et patientes pratiques agricoles.

Après les nécrocarburants, les vaches électriques

Bref. Une gigantesque machine industrielle a complètement dévasté ce qui était une civilisation. Pochon incarnait probablement une autre voie, qui passait aussi par le changement. Mais pas le même. Relisons ces mots du grand historien Fernand Braudel dans son livre L’identité de la France : « Le chambardement de la France paysanne est, à mes yeux, le spectacle qui l’emporte sur tous les autres, dans la France d’hier et, plus encore, d’aujourd’hui », ajoutant : « La population a lâché pied, laissant tout en place, comme on évacue en temps de guerre une position que l’on ne peut plus tenir ». C’est dans ce cadre-là, sans nul doute, qu’il faut replacer l’histoire de la « ferme des 1 000 vaches ». Dans le cas d’espèce, on notera que le projet Ramery va plus loin que jamais. Pendant des décennies en effet, les tenants de l’agriculture industrielle ont prétendu nourrir la France, et le monde. On sait depuis l’aventure des nécrocarburants – autrement appelés bio ou agrocarburants – qu’il n’en est rien. Seuls comptent le chiffre d’affaires, et le profit. Après avoir osé changer des plantes alimentaires en carburant dans un monde où un milliard d’humains ont faim, voilà qu’ils entendent produire de l’électricité grâce à des vaches devenues un simple sous-produit. Car ne l’oublions pas, tel est le centre nerveux de la « ferme des 1 000 vaches » : obtenir par méthanisation des déjections un gaz ensuite transformé en électricité, et revendue au prix fort à EDF. Dans cette logique de mort, le lait n’est plus le merveilleux cadeau d’êtres vivants, auxquels on a déjà tout pris, mais une ligne supplémentaire sur un compte d’exploitation. Il était en somme écrit que la crise du lait serait une tendance lourde de l’agriculture européenne. Quand la première Union se déploie, en 1960, elle garantit aux États membres un prix du lait plus élevé que sur le marché mondial, ce qui conduit à des surproductions massives. Les fameux quotas laitiers, mis en place en 1984, étaient censés adapter l’offre à la demande, garantissant de fait un prix jugé acceptable par certains producteurs.

L’hécatombe agricole

Mais lesquels ? Entre 1983 et 2011, les fermes laitières sont passées en France de 427 000 à 78 000, soit une division par cinq ! Une hécatombe. Ce que masquent de plus en plus mal les différentes réformes, dont celle de la Politique agricole commune (PAC) en 2003, et la fin des quotas laitiers, prévue en 2015, c’est le triomphe du libéralisme en Europe. Sans trembler, les autorités françaises (l’Institut de l’élevage) prévoient 50 000 « exploitations » en 2015 et aux alentours de 25 000 en 2035. Ce qui serait évidemment le triomphe de l’idéologie Ramery et des fermes industrielles qu’il entend mettre en place s’il gagne la partie dans la Somme. La logique de cette politique est limpide : la mondialisation implique des entreprises capables de se battre sur le marché, sans aides, sans visibilité, sans sécurité aucune. Elles seules sont capables de produire du lait à très bas coût et de concurrencer ainsi les grands producteurs internationaux. Les faibles, les vrais paysans, les campagnes vivantes, les fermes de taille raisonnable, la protection des eaux, des sols, et bien sûr des animaux eux-mêmes sont des obstacles à la réussite. En juin 2013, la coopérative laitière Sodiaal – Candia, Yoplait – devenait la première coopérative laitière après absorption de 3A, avec un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros et une collecte de 5 milliards de litres de lait chaque année. Ce qui n’est encore rien en face du Danois Arla Foods – 8,4 milliards de chiffre d’affaire annuel -, du Néerlandais Friesland Campina – dix milliards d’euros -, ou encore du Néo-zélandais Fonterra, avec ses onze milliards d’euros. Et derrière, malgré l’épouvantable scandale du lait contaminé à la mélamine, auquel ils ont tous deux été mêlés, les Chinois du Mengniu et Yili Group.

Face à un tel ouragan, que pèse un Stéphane Le Foll, notre ministre de l’Agriculture ? En 2009, sur fond de énième crise du lait, on l’avait entendu tempêter contre la Commissaire européenne à l’Agriculture, l’ultralibérale Mariann Fischer Boel. Alors que les paysans français étaient lancés dans une « grève du lait » désespérée, Le Foll, député européen socialiste, réclamait des mesures qui ne sont évidemment jamais venues. Et de même, devenu ministre, on l’a entendu en mars 2013, devant le congrès de la Fédération nationale des producteurs de lait, affirmer avec solennité : « Je crois en l’avenir de la production laitière française, qui est un des atouts majeurs pour l’avenir de l’agriculture ». De simples paroles verbales, qui n’ont pas empêché le même de se défiler purement et simplement au sujet de la « ferme des 1 000 vaches ». On écoutera avec une certaine stupéfaction le ministre refiler le bébé au ministre de l’Écologie Philippe Martin, sans oser se prononcer sur le fond (Ci-dessous à partir de 4min20).

Stéphane Le Foll, empêtré dans ses contradictions, prétend incarner un autre modèle d’agriculture, écologique. N’a-t-il pas organisé au palais d’Iéna (Paris), le 18 décembre 2012, une Conférence nationale vantant une France devenue par un coup de baguette magique « référence mondiale de l’agroécologie » ? Avec la « ferme des 1 000 vaches », le voilà au pied du mur. On s’y met, monsieur le ministre ?

La Confédération Paysanne : "Il s’agit aujourd’hui d’empêcher la disparition des paysans"

La mobilisation contre la « ferme des 1 000 vaches » a deux têtes. Ou deux corps. À moins qu’il ne s’agisse d’un seul et même organisme. À l’origine, Novissen, une association d’autant plus remarquable qu’elle s’est construite sur les bases bien connues du Nimby. Nimby pour Not In My BackYard, qui signifie : Pas de çà dans mon arrière-cour. Mais chemin faisant, ceux de Novissen ont ouvert des réflexions de fond sur l’agriculture intensive, le sort fait aux animaux, la démocratie. C’est sur ce terrain-là qu’ils ont rencontré la Confédération Paysanne. La Conf’, comme on appelle familièrement la Confédération Paysanne, est une étonnante figure sociale. Elle marque une rencontre improbable entre des paysans de gauche – leur figure tutélaire est le tribun Bernard Lambert, prématurément disparu en 1984 – et les néoruraux – leur symbole le plus connu est José Bové -, installés dans les campagnes après mai 1968. Bien que très minoritaire, la Conf’ a remporté près de 20 % des voix aux élections pour les chambres d’agriculture en 2013. La Somme, où se situe le projet de ferme Ramery, est pour la Conf’ une terre de mission, où elle ne compte qu’une poignée d’adhérents, et sans l’entrée en scène de >Pierre-Alain Prévost, on en serait peut-être resté là. Prévost est un grand gars de 28 ans, à la tête bien faite, bougrement sympathique. Il a fait des études supérieures de commerce, travaillé au Vietnam puis étudié en Inde, avant d’être contrôleur de gestion pour la grande industrie. Mais sa vraie passion est ailleurs. Il veut, il va créer une ferme équestre, dans le sud de la France.

Quand il reçoit Reporterre au siège de la Conf’, à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), on ne peut éviter un petit étonnement. Le responsable des Campagnes et Actions – son titre officiel - ferait aussi bien l’affaire à Greenpeace ! Pour Prévost, tout commence à l’été 2012. Coordinateur de la Good Food March – une grande marche européenne qui converge vers Bruxelles -, il croise la route des Novissen. Prévost : « C’était en septembre 2012, à Abbeville. Et puis je les ai revus au Salon de l’Agriculture, début mars 2013. À ce moment-là, j’ai dit au Comité national de la Conf’ : ’Il faut y aller !’. J’ai creusé le dossier, j’ai appelé pas mal de gens, et à partir de juin, les choses se sont emballées ». À partir de juin 2013, en effet, les choses sérieuses commencent. Pendant tout l’été, un petit groupe de la Conf’ prépare dans le plus grand secret une action contre la « Ferme des 1 000 vaches ». À l’arrivée, dans la nuit du 11 au 12 septembre 2013, un démontage nocturne et symbolique du chantier, rigolo en diable. Michel Ramery portera plainte, conduisant à la mise en examen de six personnes.

Mais la Conf’ n’entend évidemment pas en rester là, et les rassemblements tenus partout en France depuis le 6 janvier le montrent sans détour. Commentaire officiel, bien dans la manière du syndicat : « La procédure judicaire engagée par Michel Ramery ne fera pas plier la Confédération paysanne dans sa détermination. Au contraire. L’État doit faire en sorte de stopper ce projet, et de mener une politique cohérente pour l’agriculture. Il s’agit aujourd’hui d’enrayer la disparition des paysans, notre disparition. Qu’avons-nous à perdre ? ».

reporterre.net

Lire aussi
http://www.lagedefaire-lejournal.fr/1000-vaches-les-paysans-demontent-les-batiments-illegaux/
http://www.bastamag.net/Une-usine-a-vaches-qui-produit-de
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matali
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MessageSujet: Re: Veau , vaches , ... Veau , vaches , ... EmptyDim 29 Juin 2014 - 10:54

http://www.bastamag.net/Ferme-usine-des-Milles-Vaches a écrit:
(...)Le projet de ferme-usine des Milles-Vaches en Picardie, conçu par un entrepreneur du BTP, continue de diviser. Fermement opposée à ce modèle agro-industriel, Dominique Henry, institutrice et agricultrice à la retraite, a participé le 28 mai aux côtés d’une soixantaine de paysans et de militants, à une action de démontage de la salle de traite. Interpellée, elle a passé plus de 48h en garde à vue et sera jugée, ainsi que quatre autres paysans, le 1er juillet prochain pour dégradation et vol en réunion. Elle témoigne des conditions de sa détention et de ses motivations demeurées intactes. « On est tous citoyens du monde et responsables ! »(...)
C'est un témoignage très signifiant, assez poignant avec une conclusion pleine de bon sens...

Citation :
(...)Verdict : je suis placée sous contrôle judiciaire jusqu’au procès qui doit avoir lieu le 1er juillet avec interdiction de rencontrer mes « complices » sinon c’est la prison immédiatement m’a dit le juge. En clair on nous empêche de préparer notre défense ensemble. Ils ne connaissent pas (et n’aiment pas) l’action collective.

Ainsi l’objectif est clair :
- faire passer individuellement les 5 personnes interpellées pour de dangereux illuminés ;
- éviter tout débat démocratique et museler les opposants au projet ;
- orienter l’agriculture vers une industrialisation avec des coûts les plus bas possible. Des campagnes vidées de leurs paysans, sans vaches dans les champs, parsemées de grands bâtiments-usines ! Des scandales sanitaires à répétition, l’eau et le sol irrémédiablement pollués (comme c’est le cas pour les rivières de Franche-Comté). Mais attention : trop de citoyens conscients vivent dans les campagnes pour qu’un tel projet passe. On est bien dans une action collective et pour un enfermé, dix le remplacent.

Que faire ?
- vous pouvez diffuser mon témoignage dans vos réseaux
- adhérez à Novissen, aux amis de la Conf
- vous pouvez envoyer un soutien financier à la Conf pour payer le procès.

Gardez votre liberté de penser et d’agir sans vous laisser influencer par les médias dominants. Il faut s’informer au quotidien dès que l’on consomme. On est tous citoyens du monde et responsables !

Dominique Henry, Institutrice et paysanne en retraite.
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MessageSujet: Re: Veau , vaches , ... Veau , vaches , ... EmptyLun 30 Juin 2014 - 8:00

http://www.liberation.fr/economie/2014/06/29/sous-la-pluie-l-enterrement-symbolique-de-la-ferme-des-mille-vaches_1053307 a écrit:
Sous la pluie, l’enterrement symbolique de la ferme des Mille Vaches
AFP 29 juin 2014 à 16:18 (Mis à jour : 29 juin 2014 à 17:33)

«Ecoute l’orage, M. Ramery, il gronde contre ce projet», menacent les manifestants. Dimanche à Drucat (Somme); les opposants à la ferme dite des Mille Vaches ont procédé à l’enterrement, symbolique mais digne d’une chanson de Brassens, du projet.

Sous les nuages bas et gris, la procession avance dans la campagne samarienne. Rapidement, une pluie continue tombe sur les quelques 200 manifestants, qui refusent de se départir de leur bonne humeur.

«Projet Ramery, un projet qui tombe à l’eau», lâche au microphone Francis Chastagner, de l’association Novissen en pointe de la lutte contre le projet, en référence au propriétaire de la ferme.

Partis à pied de la salle polyvalente de Drucat, où se tient une journée de festivités et de débats, les manifestants arrivent une heure plus tard devant la ferme, d’où ils sont gardés à distance par les gendarmes.

«On a déjà assez dit pourquoi on est contre, aujourd’hui on vient l’enterrer», dit simplement Francis Chastagner.

Une gerbe est déposée, ainsi qu’un cercueil en carton --passablement abîmé par la pluie-- au couleur d’une célèbre marque de fromage à tartiner et sur lequel est inscrit «la vache qui crie». Quelqu’un, au mélodica, joue la marche funèbre.

«Le bonheur est dans le pré, pas dans l’usine à vaches», ont scandé les manifestants le long de leur marche.

«Ce projet est une aberration économique, sociale, écologique, sanitaire. Les vaches sont faites pour brouter dans l’herbe et non pour être enfermées dans du béton», dénonce Delphine, venue de Canteleu, près de Rouen.

«Le site n’est pas approprié, à l’entrée de la baie de Somme, qui est classée», explique de son côté Marceau, originaire du département.

«C’est une première en France en terme de concentration animale, il n’y a pas de législation», regrette-t-il.

Outre le traitement des vaches qu’ils considèrent inhumain, les manifestants s’opposent fermement au projet de méthaniseur.

En bras de chemisette malgré la pluie, le maire de Drucat Laurent Parcis craint «des effets sur la santés liés à la proximité immédiate d’un méthaniseur industriel qui cache son nom». Il assiste, souriant, à l’enterrement, devant un bâtiment encore en travaux.

- Un tour de France des «projets inutiles» -

La ferme est en cours d’achèvement. En raison des dégradations subies lors de l’intrusion le 28 mai des militants de la Confédération paysanne et des congés d’été des équipes de construction, son ouverture a dû être repoussée de plusieurs semaines, selon le directeur d’exploitation, Michel Welter qui préfère rester évasif.

Plusieurs associations de défense des animaux sont présentes à la manifestation, la Confédération paysanne est plus discrète à deux jours d’un procès contre neuf de ses membres, accusés de dégradations dans la ferme. Il y a aussi des opposants à d’autres projets, qu’ils nomment ici «les grands PINI», les «projets inutiles, nuisibles et imposés».

Les marcheurs qui ont bravé les éléments sont récompensés d’un apéritif au son de l’accordéon. On attend encore une douzaine de cyclistes, venus de Divion dans le Pas-de-Calais, où ils se sont arrêtés samedi pour dénoncer un projet d’exploitation du gaz de couche. Après Drucat, leur prochaine étape sera l’agglomération rouennaise, à la Ferme des Bouillons, occupée par quelques résistants qui s’opposent à sa destruction au profit d’une zone commerciale.

Cette «caravane du Nord» fait partie du projet de plusieurs groupes, partis de différentes villes en France, qui convergent vers Notre-Dame-des-Landes, pour s’y opposer au projet d’aéroport.

«Quand on fait le tour de France, on s’aperçoit qu’il y a beaucoup de projets inutiles», souligne Jean Ouisse, du collectif Acipa de défense du site de Notre-Dame-des-Landes, heureux de cette mobilisation nationale.

A Drucat, en attendant la caravane, les participants pourront assister à un débat sur l’agriculture intensive, avec la présence de la députée européenne Karima Delli et de la députée Barbara Pompili, toutes deux issues d’EELV.

AFP
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