Bootnie
rebouteux-euse
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Sujet: [ vidéo ] " pâturer pour reverdir les déserts " Allan Savory Dim 26 Mai 2013 - 13:58 |
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Cela laisse perplexe ...mais ...nos certitudes sont démontées ...et c'est si simple
http://agriculture-de-conservation.com/Allan-Savory-paturer-pour-reverdir.html |
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matali
modo
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Sujet: Re: [ vidéo ] " pâturer pour reverdir les déserts " Allan Savory Dim 26 Mai 2013 - 15:15 |
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Merci !
Un portrait qui complète la vidéo :
- http://www.arpentnourricier.org/portrait-allan-savory/ a écrit:
- On ne peut pas reverdir les déserts à la main
Par deux fois j’ai donné la parole à Geoff Lawton, qui s’est forgé une réputation de spécialiste de la reconquête des déserts. En creusant des baissières selon les courbes de niveaux, en plantant des arbres fixateurs d’azote, en protégeant le sol sous un épais paillage de matière organique, il piège les pluies erratiques dans le sol et fabrique des oasis en quelques années.
Geoff lawton conclut son film avec une maxime : “on peut résoudre tous les problèmes de la Terre dans un jardin”.
Oui mais il y a un problème : on ne peut pas transformer toute la Terre en jardin. On ne peut pas reverdir tous les déserts et sauver toutes les savanes de la Terre avec ces techniques qui demandent beaucoup de travail. Ce n’est d’ailleurs pas le but de la permaculture. Dans le principe des zones établi par Mollison et Holmgren, il est bien prévu que la zone V, la plus vaste, soit réservée aux écosystèmes sauvages, avec aucune intervention humaine.
Cela pose un problème pour les écosystèmes de prairie : quand on les laisse en jachère en les protégeant contre le pâturage et l’exploitation agricole, les grandes prairies de la Terre ne se reconstituent pas. Si la pluviométrie est clémente, elles deviennent des forêts ; sinon, elles deviennent des déserts.
Je suis tombé sur une conférence d’Allan Savory qui propose une solution inattendue autant que géniale pour reverdir les prairies et faire reculer le désert à grande échelle : l’élevage intensif. Ne fuyez pas : son exposé est parfaitement rationnel et convaincant.
Désertification et réchauffement climatique
Pourquoi les savanes d’Afrique et les prairies d’Amérique du Nord se désertifient-elles inexorablement ? Certains y voient la marque du réchauffement climatique. Savory réjouira les sceptiques par sa position catégorique : les savanes du Sahara, d’Australie, d’Amérique du Nord se sont désertifiées bien avant que l’on découvre le charbon et le pétrole. Les savanes et les prairies du monde sont des habituées des régimes pluviométriques erratiques. Savory est convaincu que la désertification est moins une conséquence qu’une cause dans les dérèglements actuels du climat. Mais l’honneur est sauf pour ceux qui sont certains que la catastrophe climatique est d’origine humaine, puisque Savory explique ensuite que ce sont bien les hommes qui sont la cause des déserts, même avant l’invention de l’agriculture.
La prairie a coévolué avec les troupeaux
Laissons les climatologues et tournons-nous vers les agronomes et les agences d’aide au développement. Dans tout ce qu’on lit, la désertification de l’Afrique est dûe à la combinaison
de la sécheresse, de la surpopulation, du surpâturage, de la propriété collective qui n’encourage pas à bichonner son sol, et du manque de moyens pour mettre en œuvre des mesures de protection des écosystèmes.
Et on a tous gobé ces arguments. Même moi j’ai plusieurs fois mis en cause l’élevage dans ces pages à demi-mots sans autre forme de procès.
Et pourtant, les prairies d’Amérique du Nord, et en particulier celles de l’ouest du Texas se désertifient aussi vite voire plus vite que le Sahel ou le Zimbabwe :
avec un régime pluviométrique similaire, avec une densité de population extrêmement faible, avec une absence quasi-totale de pâturage puisque le cheptel est essentiellement incarcéré dans les fermes industrielles, avec une propriété privée très fière et et une très grande conscience du problème des sols et de l’érosion depuis au moins soixante-dix ans, avec pléthore d’aides fédérales et de programmes de protection et de sauvegarde.
Ceci prouve indiscutablement que le problème est ailleurs.
Allan Savory fait alors un deuxième constat, aidé par les découvertes récentes en paléontologie et en archéologie. Avant que les humains ne les entretiennent par le feu, les grandes plaines vivaient en symbiose avec les immenses troupeaux des herbivores du pléistocène : éléphants, chameaux, bisons, paresseux géants, rhinocéros laineux, aurochs. Des bêtes tellement impressionnantes qu’il fallait des tigres à dents de sabre et des ours des cavernes pour les chasser, et qui ont disparu des différentes régions du monde à mesure que les humains avançaient. Et même s’il en reste encore en Afrique, Savory précise qu’il s’agit d’un vestige de l’abondance passée. Il raconte qu’il croisait dans sa jeunesse jusqu’à quarante lions en une journée, ce qui témoigne de l’incroyable population d’herbivores qui évoluait dans une prairie d’herbes à hauteur d’épaule, là où il n’y a aujourd’hui qu’une terre nue et craquelée entre des buissons secs.
La conclusion logique, c’est que l’écosystème de la prairie a coévolué avec d’immenses troupeaux d’herbivores, régulés par de grands prédateurs. En décimant les herbivores sauvages et en protégeant ses maigres troupeaux contre la prédation, l’homme a cassé le mécanisme qui permettait à une telle biomasse animale et végétale de prospérer dans des régions à la pluviométrie si capricieuse.
Pourquoi la prairie a besoin de (gros) troupeaux
Si j’ai bien compris, le mécanisme proposé par Allan Savory est le suivant : à la fin de la saison des pluies, l’herbe sèche sur pied. Les insectes et microorganismes meurent ou restent en dormance et ne sont pas en mesure de décomposer la végétation. Les nutriments et le carbone contenus dans la plante ne retournent donc pas au sol. Les graines tombent à terre mais restent en surface et auront du mal à s’implanter ; et puisque l’azote est piégé dans les plantes sèches et retourne à l’atmosphère par dégradation chimique, les graines qui parviendront à germer pousseront trop lentement lors de la prochaine pluie. Et comme la végétation sèche fait de l’ombre, la croissance des jeunes plantes sera ralentie. La végétation sera moins vigoureuse pour assimiler assez vite les éventuels nutriments solubles présents dans le sol, et ils seront alors lessivés.
La saison des pluies étant courte, les plantes sèches mettent plusieurs années à se décomposer : au lieu de servir de nourriture à la vie du sol, les plantes sont lentement oxydées par les éléments. Le cycle de la vie est interrompu et la prairie périclite peu à peu.
Ce problème est contre-intuitif pour nous autres parce que ce cercle vicieux n’existe pas dans nos contrées humides. Il y a assez d’humidité dans le sol pour décomposer la végétation sèche avant que la perte de nutriments soit trop importante. On constate simplement que si on la laisse en jachère, la prairie s’embroussaille puis devient forêt.
En revanche, si la plante est broutée par un bestiau, elle est décomposée rapidement dans la panse, qui est en fait un composteur sur pattes plein de bactéries du sol qui ne se dessèche pas. La surface du sol est piétinée, ce qui lutte contre l’embroussaillement, et permet aussi un contact intime entre les graines et le substrat. Quand le troupeau est un peu stressé, les sabots servent aussi à émietter le sol, ce qui facilite l’infiltration des pluies. L’urine piégée dans l’humus et la bouse sèche en surface font une réserve d’azote immédiatement disponible pour la germination et la croissance rapide dès la prochaine pluie. Et les cycles de mort/croissance des racines qui suivent les alternances broutage/croissance des feuilles nourrissent la vie du sol et l’enrichissent en humus.
Il est intéressant de constater que les bouses pleines de graines sur le sol se comportent comme les billes de graines chères à Masanobu Fukuoka : les graines ont une réserve d’azote à leur disposition pour pousser très vite lors de la prochaine pluie. Si vous avez déjà fait des billes de graines, vous savez que ça prend un temps fou. Il est probablement illusoire d’imaginer reverdir tous les déserts en roulant des boules de graines à la main ou même en machine avec un épandage par avion. D’où l’intérêt d’avoir des bestiaux pour faire ça gratuitement.
Surpâturage, densité et jachère
Savory ne nie pas que le surpâturage dégrade les prairies, mais il refuse l’équation simpliste surpâturage = trop d’animaux. Le surpâturage, c’est quand la plante est broutée trop court, et surtout trop fréquemment, avant d’avoir pu reconstituer ses racines. Quand les préhominidés n’étaient pas encore les redoutables chasseurs qu’ils sont devenus, il faut imaginer dans les plaines des troupeaux encore plus nombreux que les bisons d’avant Buffalo Bill ou les gnous d’Afrique de l’est, qui ne sont que des vestiges de la biomasse sur pattes que ces écosystèmes pouvaient entretenir. Si les prairies de cette époque ne se sont pas désertifiées avant l’arrivée des hommes, c’est que l’évolution a prévu au moins deux mécanismes pour éviter le surpâturage malgré la pression permanente des herbivores :
les prédateurs, les parasites, les mouches et les moustiques empêchent les troupeaux de rester trop longtemps au même endroit, ce qui limite l’intensité du pâturage les bêtes n’aiment pas se nourrir dans leurs excréments, et donc ne reviennent au même endroit que quand les bouses ont été entièrement assimilées par le sol, ce qui limite la fréquence du pâturage.
Quand il n’y a pas assez de bêtes et/ou qu’elles ne sont pas assez concentrées, le piétinement n’est pas suffisant, la terre n’est pas émiettée, les broussailles ne sont pas perturbées, et la prairie souffre. On croit bien faire en réduisant le nombre de têtes à l’hectare pour lutter contre le surpâturage et ménager la prairie, mais en fait on empire le mal : saison après saison, la prairie souffre par manque d’herbivores, le fourrage est moins abondant, et les rares herbes qui restent se retrouvent finalement surpâturées.
Pâture tournante et effet de troupeau
La conclusion d’Allan Savory est la suivante :
ne pas laisser en jachère les prairies abîmées : pour ne pas devenir forêt ou désert, la prairie a au contraire besoin de beaucoup d’animaux. assurer un programme de pâture tournante en faisant pâturer de petites parcelles seulement quelques jours et en n’y revenant que quand les herbes ont suffisamment repoussé. Allan Savory cite d’ailleurs souvent André Voisin comme un grand inspirateur ne pas chercher à éviter le piétinement, qui fait partie du cycle de vie de la prairie. Au contraire, en l’absence de prédateurs qui stressent et concentrent le troupeau, il est souvent insuffisant, et c’est à l’éleveur de susciter le phénomène en trouvant des façons de densifier le troupeau à certains moments, par exemple en le parquant la nuit.
Il a prouvé à maintes reprises en Afrique australe et dans le sud-ouest américain qu’on pouvait ainsi régénérer la prairie malgré les sécheresses récurrentes. L’herbe revient, le sol se couvre, puis se charge en humus, la faune sauvage explose, la nappe remonte, les mares s’assèchent moins vite et les ruisseaux se remettent à couler. Tout ça en produisant de la viande élevée à l’herbe, c’est-à-dire sans participer aux dégâts de l’élevage industriel au soja et maïs OGM qui détruit l’Amazonie et affame le monde.
Comme j’ai élu domicile dans un pays d’élevage bovin, ce plaidoyer pour la restauration des écosystèmes de prairie grâce à de grands troupeaux parle à mon chauvinisme adoptif. Bien que la région soit arrosée, l’été est très desséchant. Les sols sont acides et minces. Et si j’aime bien nos forêts de châtaigniers, j’aime aussi notre bocage qui ressemble à une Bretagne cévenole. Je ne voudrais pas perde ce paysage, son herbe et ses limousines (qui sont d’ailleurs de plus en plus souvent remplacées par des Aubrac, qu’on croirait débarquées d’Afrique avec leurs cornes en lyre et leur kohl aux yeux).
Pour ceux qui entendent un peu l’anglais, je recommande vivement la conférence mise en ligne sur vimeo par feasta.org. Savory parle extrêmement clairement avec un accent anglais très pur, et les photos avant/après sont époustouflantes.(...) Et puis là aussi : http://www.contrepoints.org/2013/03/10/117742-des-vaches-pour-reverdir-les-deserts
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Sujet: Re: [ vidéo ] " pâturer pour reverdir les déserts " Allan Savory Dim 26 Mai 2013 - 15:31 |
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D'accord avec toi Matali .... |
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Sujet: Re: [ vidéo ] " pâturer pour reverdir les déserts " Allan Savory |
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