Les petites magies
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[article] J'ai participé à un rituel sacré avec des sorciers wiccans

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matali
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MessageSujet: [article] J'ai participé à un rituel sacré avec des sorciers wiccans [article] J'ai participé à un rituel sacré avec des sorciers wiccans EmptyMar 19 Sep 2017 - 20:45

A lire ici : http://www.neonmag.fr/experience-jai-participe-a-un-rituel-sacre-avec-des-sorciers-wiccans-491963.html

Citation :
par Coralie Rabatel 13 septembre 2017
Sous le couvert des arbres, tout près des promeneurs ordinaires, les wiccans se réunissent régulièrement au bois de Vincennes. Leur religion, la wicca, est intimement liée à la nature mais aussi à la magie. J’ai participé à la cérémonie pour Lugnasad, la fête des moissons.

Yeux clos, une main au niveau du front, Sarac’h psalmodie d’une voix forte et gutturale. Je ne comprends pas un traitre mot, peut-être parce que je ne parle pas l’enochien, la langue qu’il utilise. « La langue des anges. » Au quotidien, ses proches ne l’appellent par Sarac’h. « C’est le mot breton pour désigner le bruissement du vent dans les feuilles », précise-t-il. Il s’agit de son nom wiccan, celui qu’il utilise en tant qu’adepte de la wicca.

Cette religion néo-païenne a été fondée au milieu du XXe siècle par un britannique, Gerald Gardner. Ses adeptes, les wiccans, vouent un culte à la nature. Ils croient également à la magie et, pour certains, la pratiquent. Ce jour-là, Sarac’h est venu célébrer Lugnasad, en compagnie de Nancy, Bruno, Kevin et Xavier. Cette fête religieuse est l’un des huit sabbats reconnus par la wicca qui, comme tous les autres, donne lieu à un rituel.

On pourrait croire que ces réunions mystiques sont organisées dans le plus grand secret. Mais non : les wiccans m’ont donné rendez-vous au terminus de la ligne 1 du métro parisien, direction le bois de Vincennes. A mon arrivée, je suis accueillie par Xavier, longs cheveux, barbe, t-shirt multicolore et lunettes en demi-lune. Un Albus Dumbledore version hippie. Cet informaticien de 52 ans est l’un des organisateurs du Cercle Sequana, un groupe de rencontre qui permet aux wiccans de se réunir régulièrement, notamment lors des sabbats. « Lugnasad, c’est la fête des moissons, m’explique Xavier. Le début de la mort du Dieu qui accepte de mourir pour nous nourrir. » Le Dieu, ici, c’est le soleil. A l’occasion de Lugnasad, les wiccans le remercient d’avoir fait pousser les récoltes. Et se préparent à sa « mort » symbolisée par le raccourcissement des jours en automne puis en hiver.

« Gardien de l’Est, esprit de l’air, soit le bienvenu dans le cercle »


Le rituel se pratique autour d’un autel, en réalité une étoffe à même le sol sur laquelle ont été posés pêle-mêle un pentacle, des fleurs, du blé, un petit chaudron et un poignard. Ce dernier, appelé athamé, sert à dessiner le cercle qui « délimite l’espace sacré ». C’est Nancy qui s’y colle. « Une fois qu’il est tracé, on ne peut plus en sortir », me prévient-elle. Ensuite, il faut appeler les quatre éléments, liés aux points cardinaux. « Gardien de l’Est, esprit de l’air, soit le bienvenu dans le cercle », récite la sorcière. Dans le même temps, Sarac’h s’adresse à l’esprit de la terre au Nord, Xavier se charge du feu au sud et Bruno termine avec l’eau. Moi, je veille surtout à ne pas mettre un orteil en dehors du cercle.

Le petit chaudron exhale une forte odeur d’encens, une recette de Sarac’h qu’il s’empresse de partager : « de l’huile d’olive, de l’oliban et du miel ». Xavier m’explique que les rituels sont « participatifs » : rien n’est préparé à l’avance afin que chaque participant apporte sa touche. C’est une caractéristique de la wicca éclectique, dont se revendique le Cercle Sequana. De la même façon, chacun est libre de choisir son panthéon, c’est à dire les divinités qu’il prie. Sarac’h le breton s’intéresse au celtisme tandis que Bruno affectionne la mythologie égyptienne. De son côté, Xavier est particulièrement attaché à la lune. Son panthéon est composé des déesses grecques qui la symbolisent : Séléné, Artémis et Hécate. Pour les wiccans, ces figures mythologiques ne sont en fait que les différentes facettes de deux entités divines supérieures : le Dieu, symbolisé par le soleil et la Déesse, associée à la lune.

Une religion « moins patriarcale que les cultes monothéistes »

Cette liberté dans le culte va encore plus loin puisqu’il n’est même pas nécessaire d’être wiccan pour assister au rituel, Nancy étant ainsi ce que Xavier appelle avec humour une « sorcière sauvage ». Elle affirme avoir 62 ans, malgré son visage presque juvénile. Il y a peut-être bien de la sorcellerie là-dessous. Kevin, 30 ans, n’est pas wiccan non plus, mais « tout ce qui touche à la magie [le] passionne ». Sur son bras gauche, la roue d’Hécate est tatouée. Elle représente les trois aspects de la déesse : la jeune fille, la mère et la vieille femme. Je remarque qu’Hécate a du succès. Avant Kevin, Xavier et Sarac’h m’ont déjà parlé d’elle.

« Il faut reconnaître que, bien souvent, on honore davantage les déesses que les dieux », lâche Xavier. La wicca serait-elle féministe ? « En tout cas, moins patriarcale que les cultes monothéistes, assure le Dumbledore du bois de Vincennes. C’est aussi une religion LGBT compatible. Je ne connais aucun wiccan réticent à ce niveau. »

« Fais ce que tu veux si nul n’est lésé »

C’est l’heure des offrandes. Là encore, chacun honore la divinité de son choix. On me tend un sachet de polenta, notre présent pour les dieux. Disciplinée, j’en prend une poignée et la jette au loin. Quand arrivent les libations, Xavier se rend compte qu’il a oublié le calice, qu’il remplace par un grand gobelet en plastique rose. Un peu moins mystique, mais ça fera l’affaire. Rempli de jus de pomme, il passe de main en main. Chacun boit une gorgée puis verse un peu de liquide sur le sol. Je m’exécute maladroitement, sans trop savoir à quel être supérieur je sers un verre. Bruno, lui, choisit d’honorer le « petit peuple autour de nous ». A savoir les gnomes, salamandres et dryades qui peuplent la forêt.

Cet archiviste de 54 ans aux yeux rieur accepte de me raconter l’une de ses anecdotes magiques : « Il y avait une personne très négative dans mon entourage. Pour lui faire comprendre qu’il fallait arrêter, j’ai demandé de l’aide à nos amis les rats. Un matin, elle en a retrouvé plein le capot de sa voiture. Tous les câbles avaient été rongés. »

A ce moment-là, je me dis qu’il vaut mieux ne pas embêter Bruno. Mais il ajoute : « ça n’a fait de mal à personne ». Je me souviens alors que la wicca repose sur une unique règle, le rede : « Fais ce que tu veux si nul n’est lésé ». D’accord. Mais moi, j’aimerais déjà savoir comment on fait de la magie. Sans se départir de son sourire malicieux, l’archiviste écarte les bras, regarde autour de lui et lâche un mystérieux : « Tout est là ».

Là, j’avoue que je suis larguée. « Tout le monde fait de la magie tous les jours », développe Nancy. « On n’est pas mieux que les autres, renchéri Xavier. C’est juste qu’on a conscience de ça, de la magie ». Ils m’expliquent que tout réside dans l’intention, la conviction. « Il suffit d’y penser très fort », insiste Bruno.

Cela signifie donc que je ne suis pas une moldue, juste une sorcière qui s’ignore. Mais dois-je laisser s’exprimer la Hermione Granger qui sommeille en moi dans une société qui ne croit plus à la magie ? « Les gens ne comprennent pas trop, reconnait Sarac’h. On me demande toujours si je fais partie d’une secte. » Ce mot, les wiccans ne l’aiment pas beaucoup. Il est parfois utilisé pour désigner une branche de la wicca, dite Luciférienne. En France, elle a fait parler d’elle en 1995, lors du suicide des responsables du Cercle initiatique de la licorne wicca occidentale.

Les sorciers du bois de Vincennes l’assurent : leur religion n’a rien à voir avec ça. Selon Xavier, la mouvance Luciférienne est complètement différente et tend d’ailleurs à disparaître. « Cela fait des années que je n’ai pas rencontré de Luciférien », affirme-t-il. Il n’a d’ailleurs pas de difficulté à assumer sa religion au grand jour. « Je suis sorti du placard à balais », me dit-il dans un sourire. Bruno, lui, préfère pratiquer ses rituels la nuit. Pour l’ambiance, mais aussi « pour le respect de tout le monde ». Au bois de Vincennes, là où les wiccans dressent un autel, les passants ne voient qu’une nappe de pique-nique. Ils ne sont d’ailleurs pas si loin de la vérité : avant de se quitter, les sorciers rompent le pain et se mettent à table. La magie, ça creuse.






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